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Casil McArthur évoque la diversité

Nous avons rencontré le mannequin Casil McArthur pour parler de la diversité au sein du secteur de la mode et des raisons pour lesquelles les directeurs de casting devraient faire preuve de plus de courage. Fais défiler cette page pour poursuivre ta lecture...

août 18 · 18 min. lecture

On pourrait décrire Casil comme le nouveau mannequin homme du moment. En réalité, il a fait ses débuts dans le mannequinat à l'âge de 10 ans. Comment a-t-il fait pour commencer si jeune ? « J'ai toujours été fasciné par le mannequinat. Deux amis d'enfance de ma mère travaillaient dans une agence de mannequins, j'ai donc eu la grande chance de connaître du monde dans ce milieu très tôt. »

Casil est originaire du Colorado. Né fille, il a eu du mal à s'identifier à son sexe depuis tout petit. Après avoir commencé sa carrière de mannequin en tant que fille, il a décidé de faire sa transition à l'âge de 16 ans. « J'ai commencé à prendre de la testostérone en décembre 2015. J'avais presque 17 ans. À 16 ans, j'ai essayé de travailler en tant que mannequin homme, mais je ne prenais pas encore de testostérone et je n'étais pas inscrit auprès d'une agence de mannequins hommes.

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Casil a démarré sa carrière en tant que mannequin homme, concrétisant ainsi son ambition grâce au soutien de son agent Greg Chan. Refusant de vivre dans le mensonge, Casil ne voulait pas commencer à se faire connaître en tant que mannequin femme dans le milieu de la mode. « Quand j'ai décidé de faire ma transition, je me suis dit que je serai mannequin homme, et uniquement mannequin homme, » explique-t-il. « Greg m'a écouté et il a contacté l'agence qui me représentait à l'époque. Tout le monde a fait preuve de compréhension. Ils m'ont totalement accepté en tant que mannequin homme et ils ont aussitôt lancé ma carrière. Ça a été le meilleur moment de mon parcours. »

Très vite, Casil s'est fait connaître dans le milieu de la mode. « Deux semaines après avoir commencé à prendre de la testostérone, j'ai participé à un casting avec la photographe Collier Schorr. On est devenus très proches. Collier m'a photographié depuis le tout début de ma transition, jusqu'après ma mammectomie. Grâce à elle, je possède aujourd'hui de superbes souvenirs de ma transition. »

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Casil est devenu très connu à l'âge de 17 ans, après avoir participé à une campagne de 14 pages photographiée par le photographe de mode Steven Meisel, pour le numéro de septembre de W Magazine. « J'ai travaillé en exclusivité avec Steven pendant six mois. C'était vraiment génial. On m'a aussi permis de travailler avec Collier en raison de son importance dans ma vie. Mais sans Greg Chan, mon agent à New York, rien de tout ça ne me serait arrivé.

Greg m'a ouvert des portes, c'est lui qui a rendu possible tout ce que j'ai accompli. Je suis épaté et très reconnaissant envers ces photographes de m'avoir donné ma chance. À l'époque, je ne connaissais vraiment rien. Je ne savais même pas qui était Steven Meisel ! J'ai eu l'occasion d'aller dîner avec lui et Pat McGrath, et j'ai aussi travaillé avec Edward Enninful. Ce n'est qu'aujourd'hui que je comprends ce que ça représentait. C'est totalement incroyable. Non, vraiment. »

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Les choses ont réellement changé pour Casil avec le shooting photo de W Magazine. Non seulement cette campagne l'a fait connaître, mais elle lui a ouvert de nouvelles portes, en lui permettant notamment de participer à un défilé pour Marc Jacobs et Coach lors de la New York Fashion Week. Malgré sa réussite si précoce, Casil reste modeste. Il espère simplement que son exemple, en tant qu'homme trans, pourra aider d'autres personnes à accomplir leur vrai destin. « Il y a beaucoup plus de mannequins trans dans le milieu de la mode aujourd'hui, mais je pense qu'il devrait y en avoir encore plus. Je suis impatient de voir ce secteur continuer à se développer. »

Heureusement, le secteur de la mode et les gens qui y sont associés commencent à se mettre à la page. « Je travaille dans ce secteur depuis si longtemps, je l'ai vu évoluer, pour passer de quelque chose de très toxique à quelque chose de très beau. Aujourd'hui, la mode est beaucoup plus tolérante, mais il reste encore de gros progrès à faire pour qu'elle devienne réellement diversifiée. Je pense que ce secteur traverse une crise d'adolescence qui prendra, certes, du temps, mais qui finira par donner lieu à de vrais changements une fois que les marques et les décideurs donneront leur chance à des gens qui ont des morpho, des expressions de genre, des origines ethniques et des handicaps différents. On n'y est pas encore, mais on s'en approche petit à petit. La mode ne peut plus traiter les gens comme des commodités à utiliser par-ci, par-là pour montrer qu'elle est ouverte. Que feront les responsables du secteur de la mode pour assurer le changement ? »

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Promouvoir la diversité et l'inclusion à travers chacune de nos campagnes fait partie de la philosophie de Primark et de notre approche en matière de casting. Nous pensons qu'il est important que nos clients se reconnaissent dans nos vitrines, sur notre site internet et sur nos réseaux sociaux. Nous voulions savoir ce que pense Casil de cette approche, non seulement en tant qu'homme trans, mais en tant que membre de la génération Z, sachant qu'il a un avis bien tranché sur la question. « Je pense que si les marques ne proposent pas ce que recherchent les jeunes, à savoir promouvoir l'égalité, la diversité et les personnes ayant des morphologies, des capacités et des handicaps différents, elles finiront par se retrouver sur la touche.

Quel que soit son corps, chacun mérite de devenir mannequin, de se sentir bien dans des vêtements à la mode. Avant de faire ma transition, j'avais l'impression que les gens avaient peur de contrarier la majorité. C'était vraiment fatigant. Et de toute façon, ces clients ne sont pas éternels. Il est très important que les marques évoluent avec leur temps. Si elles ne le font pas, les jeunes créeront leurs propres marques, avec des fringues qui leur correspondent. Si les marques adoptent le changement, on pourra tous travailler ensemble. »

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Les restrictions en matière de genre n'ont pas leur place chez Primark. Nos shootings photo de prêt-à-porter féminin et masculin comprennent aussi bien des mannequins hommes que des mannequins femmes. « J'ai beaucoup apprécié porter des vêtements femme lors du shooting de Primark Upstate, » nous confie Casil. « Quand j'ai commencé ma carrière de mannequin homme, je participais à des shootings où il y avait ces robes incroyables, mais, c'est toujours un smoking qu'on me donnait à porter. J'avoue que je suis très beau en smoking, » précise-t-il en souriant, « mais j'aurais aussi été très bien en robe. C'est une bonne chose que certaines marques comme Primark fassent cela et que tout l'éventail d'expressions de genre soit représenté dans une campagne. C'est fabuleux et très spécial. C'est un véritable signe de respect. »

Une récente étude a montré que la moitié de la génération Z rejette l'idée de binarité en matière de genre. Casil pense-t-il également que les normes traditionnelles en matière de genre n'ont plus lieu d'être ? « Je n'irais peut-être pas jusqu'à dire qu'elles n'ont plus lieu d'être, mais en matière de genre et d'orientation sexuelle, je ne vois pas la sexualité comme une ligne avec le masculin à une extrémité et le féminin à l'autre. Il ne s'agit pas non plus d'une ligne droite. Ce n'est pas une ligne où une extrémité est homo et l'autre hétéro. C'est plutôt un cercle où ces lignes sont reliées, c'est un éventail très fluide. »

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Casil se décrit comme une « princesse au masculin », mais à quoi cela correspond-il ? « Quand j'étais gamin, je regardais beaucoup d'animes. Leurs personnages masculins étaient toujours très beaux. Et dans les mangas que je lisais, il y avait aussi beaucoup de princesses hommes. C'était des garçons magnifiques qui portaient des robes. Ils étaient fiers d'être homme et assumaient parfaitement leur féminité. Ils avaient une élégance incroyable, j'adorais ça. Je me disais "pourquoi je ne suis pas comme ça ?". Aujourd'hui, je suis devenu comme eux, » confie Casil avec un grand sourire.

Fort heureusement, les marques de mode ouvrent la voie en matière d'inclusivité et de diversité. Leurs collections et campagnes comprennent désormais des options non genrées. Que faudrait-il faire d'autre pour faire avancer les choses ? « Il faudrait faire preuve de plus d'ouverture d'esprit, de plus d'acceptation au niveau du vocabulaire que l'on emploie quand on travaille avec des mannequins, ou avec n'importe qui, sur un plateau. Il est tout à fait normal de poser des questions et de demander qu'on nous explique quelque chose. Il ne faut pas non plus avoir peur de contrarier quelqu'un. Quand on suppose quelque chose, on a souvent tendance à blesser d'une autre façon. La communication est vraiment très importante.

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Je pense que les directeurs de casting et les agences sont responsables de ces décisions. Ce sont eux qui doivent faire évoluer les choses. Ils ne doivent pas avoir peur de perdre de l'argent en travaillant avec une personne différente des autres. Ils ne doivent pas s'inquiéter de ce que va bien pouvoir penser la société au sens large. Il y aura toujours des gens qui vous harcèleront sur internet. Certains diront "Eh bien, je ne mettrai plus les pieds dans ce magasin", mais, personnellement, je dirais que l'argent de ces gens n'a aucune valeur car il provient d'un endroit dépourvu d'amour et de compassion. Il faut écouter ce que veulent les jeunes et se demander comment leur proposer ce qu'ils recherchent en y donnant du sens, pour faire évoluer le monde. Soyez fier de changer, ne revenez jamais en arrière, continuez à avancer vers ce qui vous semble juste. »

La génération Z s'est taillé une belle réputation en matière d'activisme et de changement, comment Casil se positionne-t-il par rapport au développement durable du point de vue de la mode ? « Le développement durable est une question très importante. Je suis très attaché à la mode car c'est avant tout un investissement. Les vêtements que l'on achète sont censés durer toute une vie et même au-delà. Les marques doivent rendre leurs vêtements plus durables, tout en les gardant abordables. C'est leur responsabilité. Que peuvent-elles faire pour assurer la longévité de leurs vêtements ? »

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Si les marques priorisent l'humain et la compassion avant l'argent, l'argent se matérialisera de manière organique, » précise-t-il. « Quand on investit de l'argent dans quelque chose de bien, le rendement est multiplié par dix. Les grandes entreprises doivent agir dans ce sens, car les consommateurs ne peuvent pas résoudre seuls de gros enjeux comme le changement climatique. Plus on a de l'argent, plus on peut faire une différence pour améliorer la planète. Si vous avez de l'argent, servez-vous-en pour sauver la planète et pour aider les plus démunis. Nous n'avons qu'une seule planète. Ce n'est pas comme si on pouvait s'échapper pour aller vivre dans l'espace ! »

Après avoir tant accompli à un si jeune âge, que réserve l'avenir à Casil ? « C'est tout le problème du mannequinat, » explique-t-il. « On ne peut jamais prévoir notre futur. Dès que je décide de prendre des vacances quelque part, on m'appelle pour un shooting photo, et je dois rentrer plus tôt, » dit-il en riant. « On vit vraiment dans l'instant présent. Je suis convaincu que l'avenir me réserve de belles choses, mais ça ne veut pas dire que ce sera facile. Le monde évolue si vite. Chaque jour, les souffrances de la planète s'amplifient. Et quand on les ignore, elles sont multipliées par dix. Pendant un shooting photo, on s'investit totalement dans la créativité, dans la création artistique, on collabore pour produire quelque chose de plus grand que soi. Le reste du temps, on peut agir pour rendre le monde meilleur. La mode est un énorme moteur de changement. J'aimerais sincèrement que chacun utilise son potentiel pour faire le bien. »

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